En date du 02 Octobre 2023, s'est tenue l'Assemblée Générale de l'Université de Dschang au cours de laquelle M. le Recteur a officiellement lancé l'Année académique 2023/2024 censée débuter "à tous les effets" le lendemain.
Je vais partager dans ce post mon ressenti après la première rencontre avec les étudiants au sortir des dernières vacances. Mais auparavant je voudrais souligner le fait que quoiqu'ayant manifesté l'intention de décoller immédiatement (c-à-d. le 03 Octobre), la chose n'a pas été possible parce qu'apparemment il aurait été incongru de commencer les cours dès le premier jour, avant même que le programme hebdomadaire du Département n'eût été publié. Ceci à la plus grande joie des étudiants qui ne se voyaient pas beaucoup se rendre au campus le tout premier jour. La mention de leur joie à l'annulation de ce cours n'est pas une hypothèse. Elle m'a été signifiée.
De prime abord, en ce premier cours, la plupart des étudiants (3ème année) semblaient sortir d'une torpeur ayant duré plus que de raison. Mais ainsi qu'il est ressorti des premiers échanges, il ne s'agissait pas vraiment de la torpeur comparable à la fatigue du travailleur ou du guerrier, mais des retombées des nombreuses fêtes et réjouissances auxquelles se sont livrés nos jeunes étudiants pendant les vacances. Il n'est pas raisonnable de s'en offusquer. Après une longue année d'études acharnées, il n'est que normal de s'adonner à quelque activité de loisir à même de nous redonner de l'entrain. Mais l'on pourrait aussi légitimement se demander si ces deux longs mois n'auraient pas mieux servi les uns et les autres s'ils avaient été dédiés un tant soi peu à l'étude (cette fois-ci à un rythme moins intense) et notamment au colmatage des nombreuses lacunes qui dès le premier jour n'ont pas manqué de se faire ressentir. En outre, le besoin de détente ne justifie aucunement les excès qu'on inflige en général à son corps au dudit besoin.
En ce premier cours, je me suis livré à un exercice édifiant, en administrant une interrogation écrite basée sur la linguistique et la traduction. Inutile de revenir sur le caractère catastrophique des résultats. Il ne s'agissait pourtant que de notions de base de la Linguistique, qui sont censées avoir été maitrisées depuis la première année. Une autre preuve claire que malheureusement les étudiants n'apprennent que pour passer leurs examens. Rarement se donnent-ils la peine de consolider, par la répétition, des savoirs qui pourtant pourraient s'avérer d'une grande utilité par la suite. Et la chose est bien triste. Car notre Nation ou notre Peuple a sans aucun doute besoin du travail acharné de tout le monde à tous les niveaux. En observant la misère dans laquelle nous vivons, chacun de nous devrait se demander si nous avons vraiment le droit de nous détendre. Peut-être que nous n'avons même pas le droit de nous reposer, car l'idée que nos enfants puissent eux-aussi vivre toute cette misère devrait nous interpeller et nous terrifier.
Les étudiants, vu qu'il s'agit ici d'eux, penseront peut-être qu'ils ne peuvent rien, vu qu'ils ne sont que de jeunes étudiants ne disposant point de la moindre once de pouvoir à même de changer quoique ce soit. Et en cela ils se trompent bien très lourdement. Il n'est pas un seul camerounais, aussi pauvre, démuni soit-il, qui n'ait absolument rien à offrir en terme de changement des mentalités. Et pour illustrer cela, je vais me limiter au cas des étudiants, réservant les autres catégories sociales à un prochain papier.
Le principe directeur d'un quelconque changement sera le Sens du Devoir. Chacun devrait simplement apprendre à aiguiser son Sens du Devoir. Un étudiant par définition est censé passer le temps à étudier, à se former. À défaut de le faire pour leur pays, ils pourraient le faire pour honorer le sacrifice de leurs pauvres parents. Si vous êtes étudiants, eh bien, passez le gros de votre temps à étudier; et lorsque je parle du gros de votre temps il s'agit d'environ 90%. Les autres 10% peuvent être dédiés à d'autres choses tout autant importantes tel le repos, le sport et la vie sociale (la famille et un nombre d'amis inférieur à 5) et basta.
En tant qu'étudiants, vous devriez éliminer de votre esprit l'idée suivant laquelle étant désormais à la fac, vous avez acquis le droit au libertinage et à tout ce qui va avec. Les sorties, les fêtes (anniversaire, soirées, funérailles etc) ne vous apporteront littéralement rien; pas plus que les matches de foot auxquels vous dédiez une bonne partie de votre, surtout en tant que spectateur. Les sportifs que vous regardez courir sur des stades ont déjà gagné leur vie, et il est bien dommage que ce soit en partie à votre détriment. Plus grave encore, beaucoup de ces sportifs sont des humains qui, sur la base de leurs agissements, sont loin d'être des modèles pour vos vies. Le fanatisme sportif ne vous apportera littéralement rien en termes d'avancement.
Mais à côté de ce fanatisme sportif, il y a une autre forme de distraction encore plus dangereuse qui est celle de l'addiction aux réseaux sociaux ou à ce qui s'y passe. Le temps perdu sur les réseaux sociaux ne vous sera plus restitué. Deux heures passées sur YT, FB ou TT c'est littéralement deux envolées au vent. Deux heures qui auraient pu vous servir à muscler votre cerveau pour mieux vous préparer aux nombreux défis que la vie vous présentera. Et croyez-m 'en, elle vous en présentera. Les influenceuses, les coachs en relations sentimentales ne pratiquent pas cette activité parce qu'ils vous aiment ou parce qu'ils trouvent quelque intérêt à vous voir devenir des individus équilibrés, et puissamment orientés par leurs actions vers le bien collectif. Vous n'avez d'intérêt à leurs yeux que pour la valeur de marché que vous représentez; autrement dit, par ce que vous êtes des followers. Et l'endroit où vous vous entêtez à les follow ne vous plaira pas une fois que vous y serez.
Ceci dit, bonne rentrée 20323/2024 à tous, et bien de choses à ceux qui sauront se tenir à bonne distance des nombreuses distractions qui les tiennent loin des devoirs qui leur incombent.
SerDefotsing
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