Environ 16 jeunes Camerounais sont décédés il y a quelques jours dans de tragiques circonstances. De jeunes Camerounais dans la force de l'âge, des fanatiques du balon rond. Sont-ils tombés dans des plantations alors qu'ils s'échinaient à gagner de quoi faire vivre leurs familles? Non! Ont-ils succombé alors qu'ils défendaient hardîment leurs familles? Non. Ils sont morts piétinés par d'autres fanatiques sportifs alors qu'ils essayaient, tant les piétinés que les piétineurs, d'accéder à un stade de foot. Peut-on seulement mourir de la sorte?
Aussi tragiques ces morts soient-elles, elles nous révèlent une face bien peu flatteuse de la société camerounaise, et peut-être même de l'Humanité tout entière. Comment expliquer que des humains qui ont tout sauf de bonnes raisons de perdre leur temps à de telles inanités s'y dévouent quand même au point d'en perdre le bien le plus cher qu'un fils de Dieu puisse posséder? Comment des Humains adultes, et à l'apparence mâtures réussissent-ils à être aveuglés par un tel enthousiasme qu'ils en oublient le plus simple devoir d'assistance à personne en danger, notamment à des compatriotes entrain de se faire écraser! L'on pourrait croire que la passion pour le foot qu'ils partagent auraient été un ultérieur motif d'entraide ou de simple bienveillance! Mais non. C'est à vous dire ce que le fanatisme sportif peut avoir fait aux cerveaux de ces personnes. Vous offusqueriez-vous de m'entendre dire que le fanatisme sportif déshumanise les masses? Je vous accorde de contester une telle assertion. Mais au moins, vous devrez m'accorder l'efficacité intemporelle que j'assignerais volontiers à cette maxime si bien connue du peuple antique qu'étaient les Romains, notamment: "panem et circenses". Donnez au peuple du pain et des jeux (de quoi s'évader) et soyez certains qu'outre leur docilité bienveillante, ils vous offriront aussi un abrutissement profond dans lequel ils ne s'immergeront que très volontiers, chaque jour un peu plus.
Toutefois, dans le cas de la société camerounaise, le comble et peut-être le plus tragique, est que non seulement les buts escomptés dans la maxime sont de loin atteints (circences), mais en plus de cela, il ne leur est même donné de jouir du premier versant de la maxime qui est celui du pain; ce qui revient à dire qu'outre leur docilité arrachée par l'évasion et la focalisation sur de parfaites inanités, ils doivent en plus de cela le faire le ventre vide, car il n'est pas dit que lesdits fanatiques sportifs camerounais aient de quoi se remplir le vendre. Mais ce n'est là qu'une hypothèse. À chacun d'établir s'il en est ainsi ou pas.
SerDefotsing Ph.D