Une connaissance me racontait un jour que dans son pays d’origine, l’Azerbaїdjan,
les hommes ont coutume de dire à leurs femmes, fâchées ces dernières, du fait de la consommation excessive d’alcool de leurs maris, qu’en fait ils ne buvaient que les jours de fête ;
et qu’après ce n’était pas leur faute si chaque jour de l’année était un jour
de fête sur le calendrier azerbadjaïnais. La morale de cette anecdote c’est que
l'ivrogne ne manquera jamais de prétexte pour se saouler. Lorsqu’il est
content, il trouve qu’il n’est que normal de célébrer sa joie en buvant un
coup ; il faut qu’il "arrose" comme ça se dit en kanémèque (français camerounais). Et tout le monde
sait que seuls les fous arrosent leur flore intestinale avec de l’eau ;
lorsqu’il a des soucis il faut évidemment qu’il les "noie" comme il se dit encore
en kanémèque. Et comme ça se sait, pour noyer quoique ce soit, il faut du
liquide, idéalement du liquide éthylique c’est-à-dire de l’alcool. J'attends toujours de rencontrer cette personne-là qui aurait réussi à se débarasser de
ses soucis en les noyant dans de l’alcool.
Au Cameroun, l’art a été porté à un tout autre niveau. Des buvettes sont
confortablement installées à chaque coin de chaque rue des grandes villes
urbaines ; et si ce n’est pas le cas dans les villes rurales, c’est simplement
par manque de moyens. Même à l’entrée d’institutions importantes telles que les
universités où sont censées être formées les futures têtes du pays, vous
retrouverez des bars et buvettes qui jouxtent les bordures de trottoir. Entre
un cours et un autre, les étudiants qui peuvent se le permettre ne rechignent
pas à l’idée d’inonder leur cerveau de quelques molécules de joie.
Mais parmi les habitudes de consommation d’alcool des camerounais, il y ‘en
a qui sont simplement de l’autre monde. Je voudrais que vous observiez avec moi
quelque tendances alcooliques des Camerounais et vous verrez qu’en fait, à y regarder de plus près, un grand
nombre de nos problèmes ne vient ni des politiciens, ni des occidentaux, mais
de nous même.
* Tendance
#1 : Beaucoup de chauffeurs au Cameroun n’hésitent jamais à prendre une
petite bière avant de se mettre en route ; même lorsqu'il s’agit de longues distances. Aussi irresponsable que cela puisse être, ils sont vraiment
convaincus d’être plus lucides lorsqu’ils ont bu une ou deux bières. Et ne leur
faites surtout pas la remarque. Ils vous diront qu’ils conduisent depuis 35
ans, et que vous n’avez rien à leur apprendre, et que de toute façon vous
pouvez descendre de leur véhicule ; sans être remboursé évidemment.
Personne ne vous oblige à faire la route avec eux.
*Tendance
#2 : Dans les bars, certains
ivrognes fiers insistent pour que les serveuses ne débarrassent pas
leurs tables au fur et à mesure des consommations. Ils aiment bien voir leurs
tables couvertes de bouteilles vides dont le contenu est entrain de massacrer
leur foi et autres organes. Ils veulent que les passants voient à quel point
ils sont capables d’ingurgiter de grandes quantités d’alcool. Presque comme
s’il y avait quelque chose de noble à boire autant d’alcool. C'est leur façon à eux de signaler aux unes et aux autres, mais principalement aux unes, qu'ils ont de la valeur; "qu'ils ont un peu" comme ça se dit encore en kanémèque. Et un autre côté vraiment tragique de la chose, c'est que ça fonctionne. Il en existe de femmes capables de se laisser séduire par une si grossière ostentation d'un simulacre de bien-être qui en fait n'est rien d'autre que le signe visible d'une décripitude à la fois mentale et sociale, qui plus est s'accompagne parfois de difformités physiques qui en sont souvent la conséquence logique.
*Tendance
#3: Lorsqu’un Camerounais consomme de l’alcool en tenant un bébé entre ses bras,
une croyance populaire veut qu’il en donne obligatoirement un peu au bébé. Peu
importe l'âge de ce dernier. Quand bien même il s'agirait d'un nourrisson qui doit encore accommoder ses pupilles à
l’intensité de la lumière. Il paraît que l’enfant pourrait décider de s’en
aller (comprenez par là décéder) si son géniteur osait l’humilier ainsi en dégustant un bon verre d’alcool
sans avoir la bienséance de le partager à un nouveau-né…. Bienvenue à la genèse
des futurs délinquents et assassins capables des pires atrocités.
* Tendance
#4: Au Cameroun, lorsqu’une femme qui vient de donner la vie ne produit pas assez
de lait, beaucoup conseillent à la mère de boire beaucoup de bière. Il paraît
que cela stimule l'activité des glandes mammaires. C’est une aberration aussi horrible que
la précédente, mais que vous y croyez ou non, c’est ce que beaucoup font. Et si
vous avez un ami ou une connaissance d’origine camerounaise, je vous en prie,
ne vous gênez pas et posez lui la question. Si cette personne dément une seule
de ces tendances, vous serez en droit de remettre en question sa bonne foi, ou
sa connaissance de son pays d’origine. Il ne vous restera plus qu’à poser la
même question à un nombre un peu plus grand, et vous verrez que je dis vrai.
*Tendance
#5: Les Camerounais super-riches dépensent des sommes faramineuses pour
importer de l’alcool de l’étranger… C’est les super-riches… Du coup essayons de
les caresser dans le sens du poil. Après il n’est pas bête de se demander
quelle fierté des hommes peuvent-ils avoir à consommer un poison qui semble n'avoir plus de valeur que parce qu’il vient de loin et parce qu’on l’a
payé plus cher. Mes chers amis…. Que dire… Vous comprenez pourquoi il est parfois difficile d’avoir de la compassion
pour certaines personnes. Vous comprenez
pourquoi en fait les politiciens sont loin d’être les premiers responsables de
notre galère ? Dites-moi maintenant, comment construit-on un pays si tous
ses citoyens sont constamment assommés par l’alcool ? Comment un étudiant
réussit-il à se concentrer sur ses études si son esprit est constamment amorti
par l’alcool ? Comment fait-on des enfants en bonne santé physique et
psychologique quand au moment de la conception le père ou la mère, ou même les
deux étaient saoules ? Le résultat après c’est quoi ? Des enfants qui
sont capables de poignarder leurs camarades, des enfants complètement perdus,
sans même savoir ce qui leur arrive.
Et vous savez quoi mes chers amis, le plus écœurant c’est que presqu’aucun
académicien, prêtre ou prédicateur ne décrie ce fléau ! Beh pardon, désolé en
fait Vous en connaissez combien de toxicomanes qui lancent des campagnes de lutte
contre la l'addiction aux substances stupéfiantes? L’alcoolisme est un phénomènes si répandu et si
destructeur au Cameroun que chaque prêtre devrait en parler dans chacune de ses
homélies ; que chaque enseignant devrait en parler constamment et sans
relâche.
Et vous les femmes; nos chères femmes, épouses, soeurs filles; vous qui êtes championnes quand
il s’agit de manipuler vos maris et compagnons pour qu’ils vous achètent des
chaussures, des sac-à-main et des greffes, pourquoi ne manipulez-vous pas vos maris
pour les amener à arrêter de consommer de l’alcool ? Je sais que beaucoup de
femmes comptent parfois sur la dépendance alcoolique de leur mari pour devenir
très vite veuves… Sachez que c'est très mal et qu'aujourdu'hui on connaît vos plans. Mais nous en parlerons un autre jour.
Quoiqu’il en soit je sais bien que pour la plupart des Camerounais mon propos sera comme une pierre jetée à l'eau, car si en tant qu’adulte vous ne comprenez
pas, vous n’avez pas encore compris le mal qu’il y a à consommer de l’alcool,
et la folie que représente l’éloge de la consommation excessive d’alcool, il
est bien peu utile d’essayer de vous faire entendre raison. Mais vous devez
savoir que chaque mal comporte en
soi les germes de sa propre destruction. Vous passez le temps à vous saouler,
la nature dit ok, il faut vous débarrassiez le plancher le plus tôt possible. Fort heureusement.
Par contre, les plus jeunes qui m’écoutent, je vous en prie, soyez plus
nobles que ne l’ont été vos parents. La consommation d’alcool ne vous apportera littéralement rien à la longue; même pas à la courte en fait. L'alcool ne vous donnera ni plus de courage, ni du divertissement, et certainement pas la solution aux
problèmes auxquels vous croyez échapper en en consommant, ou bien que
vous espérez oublier. Bien au contraire, pendant que vous planez entre l’autre
monde et celui-ci, vos problèmes vous attendent très patiemment, et au besoin
s’empirent.
L’alcool vous détruit à petit feu et vous enlève la lucidité dont vous avez
besoin pour réfléchir aux solutions possibles à vos problèmes ; à nos
problèmes collectifs. Combien d’hommes et de femmes en moment même où je vous parle sont couchés dans des
hôpitaux à cause de l’alcool ? Combien meurent chaque jour de maladies
liées à la consommation excessive d’alcool ? Ou dans des accidents causés
par l’alcool ? Et sachez qu’en fait, quelque soit le mal que vous avez, et
Dieu seul sait que tout humain souffre en tout temps de quelque mal, l’alcool vient toujours l'empirer.
Un autre fait intéressant à savoir, et sur ce je vais vous laisser, c’est
que sous l’effet de l’alcool, les esprits maléfiques vous contrôleront plus
facilement. En anglais, un synonyme d’alcool c’est spirit. C’est un résidu
sémantique de la conscience qu’avaient les générations passées quant à ce fait. Aussi, vous conjuré-je, cessez de consommer autant d’alcool. Apprenez même à
ne pas en consommer du tout. Votre pays a besoin de toute votre lucidité pour
penser des solutions possibles à même de panser nos innombrables plaies.
SerDefotsing
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