25/03/2022

Le problème de l'alcoolisme au Cameroun

Une connaissance me racontait un jour que dans son pays d’origine, l’Azerbaїdjan, les hommes ont coutume de dire à leurs femmes, fâchées ces dernières, du fait de la consommation excessive  d’alcool de leurs maris, qu’en fait ils ne buvaient que les jours de fête ; et qu’après ce n’était pas leur faute si chaque jour de l’année était un jour de fête sur le calendrier azerbadjaïnais. La morale de cette anecdote c’est que l'ivrogne ne manquera jamais de prétexte pour se saouler. Lorsqu’il est content, il trouve qu’il n’est que normal de célébrer sa joie en buvant un coup ; il faut qu’il "arrose" comme ça se dit en kanémèque (français camerounais). Et tout le monde sait que seuls les fous arrosent leur flore intestinale avec de l’eau ; lorsqu’il a des soucis il faut évidemment qu’il les "noie" comme il se dit encore en kanémèque. Et comme ça se sait, pour noyer quoique ce soit, il faut du liquide, idéalement du liquide éthylique c’est-à-dire de l’alcool. J'attends toujours de rencontrer cette personne-là qui aurait réussi à se débarasser de ses soucis en les noyant dans de l’alcool.

Au Cameroun, l’art a été porté à un tout autre niveau. Des buvettes sont confortablement installées à chaque coin de chaque rue des grandes villes urbaines ; et si ce n’est pas le cas dans les villes rurales, c’est simplement par manque de moyens. Même à l’entrée d’institutions importantes telles que les universités où sont censées être formées les futures têtes du pays, vous retrouverez des bars et buvettes qui jouxtent les bordures de trottoir. Entre un cours et un autre, les étudiants qui peuvent se le permettre ne rechignent pas à l’idée d’inonder leur cerveau de quelques molécules de joie.

Mais parmi les habitudes de consommation d’alcool des camerounais, il y ‘en a qui sont simplement de l’autre monde. Je voudrais que vous observiez avec moi quelque tendances alcooliques des Camerounais et vous verrez qu’en fait, à y regarder de plus près, un grand nombre de nos problèmes ne vient ni des politiciens, ni des occidentaux, mais de nous même. 

Tendance #1 : Beaucoup de chauffeurs au Cameroun n’hésitent jamais à prendre une petite bière avant de se mettre en route ; même lorsqu'il s’agit de longues distances. Aussi irresponsable que cela puisse être, ils sont vraiment convaincus d’être plus lucides lorsqu’ils ont bu une ou deux bières. Et ne leur faites surtout pas la remarque. Ils vous diront qu’ils conduisent depuis 35 ans, et que vous n’avez rien à leur apprendre, et que de toute façon vous pouvez descendre de leur véhicule ; sans être remboursé évidemment. Personne ne vous oblige à faire la route avec eux.

 *Tendance #2 : Dans  les bars, certains ivrognes fiers insistent pour que les serveuses ne débarrassent pas leurs tables au fur et à mesure des consommations. Ils aiment bien voir leurs tables couvertes de bouteilles vides dont le contenu est entrain de massacrer leur foi et autres organes. Ils veulent que les passants voient à quel point ils sont capables d’ingurgiter de grandes quantités d’alcool. Presque comme s’il y avait quelque chose de noble à boire autant d’alcool. C'est leur façon à eux de signaler aux unes et aux autres, mais principalement aux unes, qu'ils ont de la valeur; "qu'ils ont un peu" comme ça se dit encore en kanémèque. Et un autre côté vraiment tragique de la chose, c'est que ça fonctionne. Il en existe de femmes capables de se laisser séduire par une si grossière ostentation d'un simulacre de bien-être qui en fait n'est rien d'autre que le signe visible d'une décripitude à la fois mentale et sociale, qui plus est s'accompagne parfois de difformités physiques qui en sont souvent la conséquence logique.

 *Tendance #3: Lorsqu’un Camerounais consomme de l’alcool en tenant un bébé entre ses bras, une croyance populaire veut qu’il en donne obligatoirement un peu au bébé. Peu importe l'âge de ce dernier. Quand bien même il s'agirait d'un nourrisson qui doit encore accommoder ses pupilles à l’intensité de la lumière. Il paraît que l’enfant pourrait décider de s’en aller (comprenez par là décéder) si son géniteur osait l’humilier ainsi en dégustant un bon verre d’alcool sans avoir la bienséance de le partager à un nouveau-né…. Bienvenue à la genèse des futurs délinquents et assassins capables des pires atrocités. 

Tendance #4: Au Cameroun, lorsqu’une femme qui vient de donner la vie ne produit pas assez de lait, beaucoup conseillent à la mère de boire beaucoup de bière. Il paraît que cela stimule l'activité des glandes mammaires. C’est une aberration aussi horrible que la précédente, mais que vous y croyez ou non, c’est ce que beaucoup font. Et si vous avez un ami ou une connaissance d’origine camerounaise, je vous en prie, ne vous gênez pas et posez lui la question. Si cette personne dément une seule de ces tendances, vous serez en droit de remettre en question sa bonne foi, ou sa connaissance de son pays d’origine. Il ne vous restera plus qu’à poser la même question à un nombre un peu plus grand, et vous verrez que je dis vrai.

 *Tendance #5: Les Camerounais super-riches dépensent des sommes faramineuses pour importer de l’alcool de l’étranger… C’est les super-riches… Du coup essayons de les caresser dans le sens du poil. Après il n’est pas bête de se demander quelle fierté des hommes peuvent-ils avoir à consommer un poison qui semble n'avoir plus de valeur que parce qu’il vient de loin et parce qu’on l’a payé plus cher. Mes chers amis…. Que dire…

Vous comprenez pourquoi il est parfois difficile d’avoir de la compassion pour certaines personnes. Vous comprenez pourquoi en fait les politiciens sont loin d’être les premiers responsables de notre galère ? Dites-moi maintenant, comment construit-on un pays si tous ses citoyens sont constamment assommés par l’alcool ? Comment un étudiant réussit-il à se concentrer sur ses études si son esprit est constamment amorti par l’alcool ? Comment fait-on des enfants en bonne santé physique et psychologique quand au moment de la conception le père ou la mère, ou même les deux étaient saoules ? Le résultat après c’est quoi ? Des enfants qui sont capables de poignarder leurs camarades, des enfants complètement perdus, sans même savoir ce qui leur arrive.

Et vous savez quoi mes chers amis, le plus écœurant c’est que presqu’aucun académicien, prêtre ou prédicateur ne  décrie ce fléau ! Beh pardon, désolé en fait Vous en connaissez combien de toxicomanes qui lancent des campagnes de lutte contre la l'addiction aux substances stupéfiantes? L’alcoolisme est un phénomènes si répandu et si destructeur au Cameroun que chaque prêtre devrait en parler dans chacune de ses homélies ; que chaque enseignant devrait en parler constamment et sans relâche.   

Et vous les femmes; nos chères femmes, épouses, soeurs filles; vous qui êtes championnes quand il s’agit de manipuler vos maris et compagnons pour qu’ils vous achètent des chaussures, des sac-à-main et des greffes, pourquoi ne manipulez-vous pas vos maris pour les amener à arrêter de consommer de l’alcool ? Je sais que beaucoup de femmes comptent parfois sur la dépendance alcoolique de leur mari pour devenir très vite veuves… Sachez que c'est très mal et qu'aujourdu'hui on connaît vos plans. Mais nous en parlerons un autre jour.

Quoiqu’il en soit je sais bien que pour la plupart des Camerounais mon propos sera comme une pierre jetée à l'eau, car si en tant qu’adulte vous ne comprenez pas, vous n’avez pas encore compris le mal qu’il y a à consommer de l’alcool, et la folie que représente l’éloge de la consommation excessive d’alcool, il est bien peu utile d’essayer de vous faire entendre raison. Mais vous devez savoir que chaque mal comporte en soi les germes de sa propre destruction. Vous passez le temps à vous saouler, la nature dit ok, il faut vous débarrassiez le plancher le plus tôt possible. Fort heureusement.

Par contre, les plus jeunes qui m’écoutent, je vous en prie, soyez plus nobles que ne l’ont été vos parents. La consommation d’alcool ne vous apportera littéralement rien à la longue; même pas à la courte en fait. L'alcool ne vous donnera ni plus de courage, ni du divertissement, et certainement pas la solution aux problèmes auxquels vous croyez échapper en en consommant, ou bien que vous espérez oublier. Bien au contraire, pendant que vous planez entre l’autre monde et celui-ci, vos problèmes vous attendent très patiemment, et au besoin s’empirent.

L’alcool vous détruit à petit feu et vous enlève la lucidité dont vous avez besoin pour réfléchir aux solutions possibles à vos problèmes ; à nos problèmes collectifs. Combien d’hommes et de femmes en moment même où je vous parle sont couchés dans des hôpitaux à cause de l’alcool ? Combien meurent chaque jour de maladies liées à la consommation excessive d’alcool ? Ou dans des accidents causés par l’alcool ? Et sachez qu’en fait, quelque soit le mal que vous avez, et Dieu seul sait que tout humain souffre en tout  temps de quelque mal,  l’alcool vient toujours l'empirer.

Un autre fait intéressant à savoir, et sur ce je vais vous laisser, c’est que sous l’effet de l’alcool, les esprits maléfiques vous contrôleront plus facilement. En anglais, un synonyme d’alcool c’est spirit. C’est un résidu sémantique de la conscience qu’avaient les générations passées quant à ce fait. Aussi, vous conjuré-je, cessez de consommer autant d’alcool. Apprenez même à ne pas en consommer du tout. Votre pays a besoin de toute votre lucidité pour penser des solutions possibles à même de panser nos innombrables plaies.

 SerDefotsing

 

 

 


06/02/2022

De jeunes Camerounais meurent piétinés à mort alors qu'ils essayent d'accéder au stade

Environ 16 jeunes Camerounais sont décédés il y a quelques jours dans de tragiques circonstances. De jeunes Camerounais dans la force de l'âge, des fanatiques du balon rond. Sont-ils tombés dans des plantations alors qu'ils s'échinaient à gagner de quoi faire vivre leurs familles? Non! Ont-ils succombé alors qu'ils défendaient hardîment leurs familles? Non. Ils sont morts piétinés par d'autres fanatiques sportifs alors qu'ils essayaient, tant les piétinés que les piétineurs, d'accéder à un stade de foot. Peut-on seulement mourir de la sorte?

Aussi tragiques ces morts soient-elles, elles nous révèlent une face bien peu flatteuse de la société camerounaise, et peut-être même de l'Humanité tout entière. Comment expliquer que des humains qui ont tout sauf de bonnes raisons de perdre leur temps à de telles inanités s'y dévouent quand même au point d'en perdre le bien le plus cher qu'un fils de Dieu puisse posséder? Comment des Humains adultes, et à l'apparence mâtures réussissent-ils à être aveuglés par un tel enthousiasme qu'ils en oublient le plus simple devoir d'assistance à personne en danger, notamment à des compatriotes entrain de se faire écraser! L'on pourrait croire que la passion pour le foot qu'ils partagent auraient été un ultérieur motif d'entraide ou de simple bienveillance! Mais non. C'est à vous dire ce que le fanatisme sportif peut avoir fait aux cerveaux de ces personnes. Vous offusqueriez-vous de m'entendre dire que le fanatisme sportif déshumanise les masses? Je vous accorde de contester une telle assertion. Mais au moins, vous devrez m'accorder l'efficacité intemporelle que j'assignerais volontiers à cette maxime si bien connue du peuple antique qu'étaient les Romains, notamment: "panem et circenses". Donnez au peuple du pain et des jeux (de quoi s'évader) et soyez certains qu'outre leur docilité bienveillante, ils vous offriront aussi un abrutissement profond dans lequel ils ne s'immergeront  que très volontiers, chaque jour un peu plus.

Toutefois, dans le cas de la société camerounaise, le comble et peut-être le plus tragique,  est que non seulement les buts escomptés dans la maxime sont de loin atteints (circences), mais en plus de cela, il ne leur est même donné de jouir du premier versant de la maxime qui est celui du pain; ce qui revient à dire qu'outre leur docilité arrachée par l'évasion et la focalisation sur de parfaites inanités, ils doivent en plus de cela le faire le ventre vide, car  il n'est pas dit que lesdits fanatiques sportifs camerounais aient de quoi se remplir le vendre. Mais ce n'est là qu'une hypothèse. À chacun d'établir s'il en est ainsi ou pas.

SerDefotsing Ph.D